La semaine dernière je fus cordialement invité à l'anniversaire de mon ami Bertrand qui s'occupe d'une radio en ligne : psychedelik.com. Il apprend en même temps le html, le css, le php et toutes ces bonnes choses.
Au début, sa radio diffusait au format Ogg Vorbis. Bien que sensible aux avantages de ce format, il a été contraint de passer au MP3. Il m'a confié la raison de ce changement : la majorité de ses auditeurs utilisent le logiciel multimedia de base de leur OS :
Or ces logiciels ne supportent pas en standard la lecture du Ogg Vorbis...
On a le sentiment que la politique sous-jacente de ces sociétés n'est pas de fournir un lecteur multimedia permettant la meilleure expérience utilisateur, mais qu'elle est d'offrir des fonctionnalités répondant à ces deux cas de figure :
Toutes les autres fonctionnalités qui ne pourraient rapporter suffisamment ou qui iraient à l'encontre des intérêts économiques de ces sociétés (pas de Xvid, pas de Ogg Vorbis...) sont placées en fond de cale et mises au régime pain sec / eau salée.
Ces objectifs ne me choquent pas en tant que tels, finallement, même s'il y a une bonne dose de cynisme (nous d'abord), ils sont en parfait accord avec le modèle économique pur et dur d'une entreprise. En revanche, je ne peux m'empêcher de trouver désolant le fait que les utilisateurs en patissent. Le logiciel a le potentiel d'offrir ce qui se fait de mieux en matière de technologie. C'est dans ce sens que le logiciel libre est une force : pour survivre, il doit trouver le moyen d'offrir ce qu'il y a de mieux afin de séduire de nouveaux utilisateurs (et au pire y'a le porte-jarretelle). Malheureusement ce qui manque souvent au logiciel libre, ce sont les moyens.
Le salut des formats ouverts est peut-être dans le soutien d'entreprises capables d'allier contraintes économiques, et volonté de servir au mieux ses utilisateurs. Voire de faire en sorte que l'un aille avec l'autre, pour servir l'intérêt de tous (IBM qui participe au développement de Mozilla ou certaines sociétés désirant exploiter des marchés de niche).
Je pense par exemple aux protocoles de communication pour messagerie instantanée. Le poids lourd du moment, c'est MSN Messenger et son protocole propriétaire. À côté, il y a Jabber, format ouvert qui cherche à s'émanciper. Or Jabber est en pleine émulsion. Il est par exemple utilisé dans Google Talk ou dans Sky Messenger de Skyrock (c tro kool le tchat je kiff mé ma mere fé chié pk elle ve pas ke jpase tro de tps sur lordi), et c'est plutôt une bonne chose.
Donc tant mieux pour Jabber, mais pour le Ogg Vorbis, qui aurait assez de force pour le pousser suffisamment vers davantage de visibilité ? Tout ce que j'espère, c'est que cette visibilité ne perde pas de terrain, et progresse pas à pas pour tomber enfin dans le premier cas de figure : « une grande majorité d'utilisateurs réclament cette fonctionnalité », afin de se retrouver comme technologie livrée en standard.